We were liars, de e. lockhart

"Besides the fact that to get online you have to go to the Vineyard, Beechwood is very much its own world. Once you are there, the rest of the universe seems nothing but an unpleasant dream."

Résumé : Cadence Sinclair, jeune américaine de 18 ans, s'apprête à partir pour Beechwood Island, où elle a passé tous les étés de son enfance en compagnie de ses cousins. Cette île privée appartient à sa famille : son grand-père y a construit une maison pour chacune de ses trois filles, en plus de celle qu'il partage avec sa femme, et les trois soeurs y emmènent leurs familles respectives chaque été par tradition. Mais cette année, Cadence y retourne après ce qu'elle appelle "l'accident", un événement dont on ne connait pas la cause mais qui l'a affectée au point de rendre sa mère et ses soeurs réticentes à la laisser revenir sur l'île. Cadence, elle, n'en a aucun souvenir, et compte bien comprendre ce qui lui est arrivé une fois de retour sur les lieux. 


Hum. Je ne sais pas trop par quoi commencer tellement mon avis sur ce livre est difficile à exprimer... je le trouve à la fois brillant ET décevant, vous comprenez donc ma difficulté à mettre des mots sur ces émotions littéraires contradictoires. Mais je vous rassure, j'ai de bonnes raisons pour justifier ce ressenti pour le moins original ! 

Commençons par le fond, c'est-à-dire le récit. Le microcosme créé par l'auteur est original et crée une atmosphère nostalgique à souhait - cette histoire d'île privée où tout le monde se retrouve chaque année, et où les enfants grandissent ensemble, j'adore. On comprend très vite qu'il s'agit là d'un drame familial sous forme de huis-clos, et la carte de l'île présente au début du roman (qui n'est pas sans rappeler une carte d'univers fantastique, d'ailleurs) souligne l'importance du lieu, qui en devient presque un personnage à part entière. L'arbre généalogique, également "fournis" au début, permet de s'y retrouver dans les noms (mine de rien, j'ai fait quelques aller-retours vers cette page au début le temps de me familiariser avec chacun), et met l'accent là encore sur l'importance de la famille.

Dès le début, Cadence nous prévient que dans la petite bande, tous "sont des menteurs", et elle continue à s'adresser au lecteur de cette manière à travers tout le roman : j'aime beaucoup cette forme d'écriture consciente, cela correspond bien au style du livre et donne l'impression d'être vraiment aux côtés de Cadence tandis qu'elle tente de recoller les morceaux de sa perte de mémoire. Car il s'agit bien de cela : le livre est une sorte de thérapie pour la narratrice, qui cherche (à grands renforts de remise en question et de flash backs) à faire la lumière sur ce fameux "accident". Le style utilisé par e. lockhart convient tout à fait à cette quête de la vérité, et permet de créer une impression de malaise grandissant à mesure que Cadence semble s'en approcher. 

La maîtrise de la forme égale donc la maîtrise du fond sur ce point, hélas cela n'a pas suffit dans mon cas. Car voici le problème que j'ai rencontré, et ce dès la moitié de ma lecture : j'ai deviné la fin. 
Oh, rage ! Oh, désespoir ! Quel sentiment désagréable que de comprendre que l'on a compris, alors que la clé de voute du livre est justement la dernière ligne, censée délivrer le lecteur de ses interrogations en lui livrant la vérité. Plusieurs coupables sont selon moi responsables de cet inter-spoil : d'abord, les critiques présentent au dos du livre - surtout, ne les lisez pas avant de l'ouvrir !!!! Dans un souci marketing et pour donner envie d'acheter le livre, elles en disent malheureusement beaucoup trop... Ensuite, et c'est là que le bât blesse réellement, je trouve, eh bien... e. lockhart est responsable. Et oui, l'auteur lui-même en dit trop, trop rapidement. L'intrigue n'est pas tout à fait assez bien ficelée, et j'ai eu comme l'impression que lockhart était tellement content de son coup et du plot twist qu'il avait trouvé qu'il n'a pas pu s'empêcher de glisser des indices MAJEURS beaucoup trop tôt. Après, un troisième coupable peut éventuellement être envisagé, à savoir ma propre consommation de nouvelles - j'entends par là qu'avoir lu beaucoup de nouvelles (où le plot twist est bien souvent la clé) m'a peut être rendue trop apte à déceler ce genre d'indice. Cela expliquerait les centaines de lecteurs 100% convaincus qui n'ont rien vu venir avant la dernière page (et signifierait que tout n'est pas perdu pour d'autres lecteurs). 

Pour résumer, donc, j'ai trouvé l'intrigue et l'écriture merveilleusement maîtrisés, mais le développement mené de telle sorte que la fin était (pour moi) prévisible. Quel dommage, vraiment, mais quel dommage ! J'aurais adoré être surprise à la fin.

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