The perks of being a wallflower*, de Stephen Chbosky

"Do you always think this much, Charlie?"
"Is it that bad?" (...)
"Not necessarily. It's just that sometimes people use thought to not participate in life."

Résumé : dans les années 90, aux Etats Unis, Charlie fait son entrée au lycée. Adolescent plutôt mal dans sa peau, timide et un peu perdu dans la foule de ses homologues lycéens, il finit par rencontrer Sam et son demi-frère Patrick. Ils s’attachent au jeune Charlie et décident de le prendre sous leur aile : avec leur groupe d’amis, Charlie découvre un nouvel univers, les soirées, l’alcool, la drogue, même, et l’amour. Il grandit et s’ouvre peu à peu au monde tout en acceptant certaines de parties de son passé qui refont surface et dont il lui faut se libérer.

Ce livre… quelle lecture. Je me souviens encore de la première fois que je l’ai lu : j’étais en terminale, à quelques mois du bac et donc d’un tournant dans ma vie. La perspective des études supérieures, qui impliquaient de quitter mon petit monde confortable composé de mon cercle d’amis et de ma famille, m’angoissait un peu. Et puis, j’ai ouvert The perks of being a wallflower… et là, j’ai réalisé que, même si ma vie n’a rien à voir avec celle de Charlie, certaines de ses angoisses sont universelles et que je m’y retrouvait donc au moins un peu. Et ça m’a rassurée.

Charlie n'a vraiment pas une vie facile. Dans le livre, avant que l’intrigue ne commence, il a vécu un événement traumatisant - le suicide de son meilleur ami. Il en parle peu mais l’on sent cela flotter au dessus de lui comme une présence fantôme, lors de ses interactions avec sa famille notamment - on le sent un peu surprotégé par ses parents et sa fratrie. Sa position de petit dernier (après un grand frère déjà à la fac et une grande soeur en terminale) est aussi un facteur expliquant sa personnalité, et les relations familiales sont d’ailleurs assez bien exploitées et explorées dans le livre. On sent l’amour que lui portent ses parents, et la manière dont son frère et sa soeur le protègent - sans toutefois toujours le comprendre - est vraiment touchante.

Mais au delà du cercle familial, ce sont les relations amicales que Stephen Chbosky décompose au cours du récit. Pour Charlie, il est question de tout apprendre : la magie d’une rencontre, le fait de se livrer aux autres, la confiance totale qu’il peut accorder à un vrai ami - et qu’on peut lui accorder en retour, ce qui le surprend au début et lui fait réaliser qu’il peut lui aussi être important aux yeux de quelqu’un (je pense ici à certaines confessions de Sam et Patrick notamment). Tout cela est nouveau pour Charlie, il apprend tout au long du livre et fait part de ses remarques, comme de petites notes mentales qu’il se ferait pour être sûr de retenir la manière attendue de se comporter en société. Ces réactions prouvent que Charlie est un être à part qui a du mal à s’intégrer socialement sans tout sur-analyser (personnellement, c’est en cela qu’il m’a touchée, car je me sens proche de lui à cet égard). 

Le style contribue à cet effet de proximité sans filtre avec Charlie : le fait que la narration soit entièrement épistolaire permet de n’avoir qu’une narration à la première personne. D’autre part, l’absence de réponse (puisqu’on ne sait même pas si le correspondant de Charlie existe vraiment) y joue beaucoup également, étant donné que l’on a l’impression d’assister à un monologue intérieur de la part d'un Charlie royalement ignoré par un potentiel soutien amical. Cela renforce la sympathie que l’on peut éprouver pour lui, il apparaît encore plus seul (solitaire, même) et en besoin d’affection. Quel soulagement, alors, de le voir rencontrer Sam et Patrick, qui font tout pour lui faire faire de nouvelles choses !


Au final, Charlie grandit au fil du livre, et il apprend surtout à vivre, tout simplement : à mesurer la valeurs de tous les petits moments de la vie et à apprécier le fait d’être entouré des bonnes personnes. C'est une belle lecture qui prend aux tripes et que je conseille à tous.

* Le Monde de Charlie en français (la traduction du titre est à mon sens très bien trouvée, puisque l'expression anglaise utilisée dans la version originale me semble assez intraduisible)

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